• Heyo, aujourd'hui je vais vous parler d'un artiste que j'aime beaucoup depuis de nombreuses années : Aurélien Cotentin aka Orelsan. Après une carrière très sympathique dans le groupe duo des Casseurs Flowters avec son acolyte Gringe (qui a sorti un album récemment dont je ferai l'analyse no prob), le voilà qui a trente ans, et se pose solo pour un album qui change, qui montre qu'il a grandi, il n'est plus un gosse, stop, la fête est finie.       Sorti en fin d'année en 2017, cet album est une remise en question, une prise de conscience. Avec un casting parfois quelque peu improbable : Stromae, Maître Gims, Deezee, Nekfeu qui donnent des sons intéressants. Avec presque toujours quelques paroles sur la pluie, ou sa vie à Caen (ce qui dit pluie) "Entre deux mondes en suspend, criminelle la façon dont j'tue le temps" réplique culte presque présente dans chaque musique (aussi dans l'album de Gringe, que je ferai plus tard j'ai dit).

     

    Orelsan dans un métro bondé, sac et katana caché dans le dos, avec son regard qui observe derrière, le passé peut-être ? Et sa main qui tente sûrement de retenir quelque chose, ou se remémorer.

    Je tiens à dire que j'ai toujours apprécié Orel, et je crois qu'il a pu s'assagir, tout en restant quand même le mec bien, le mec marrant, et qu'il a mûrit. J'ai pu le voir au Nice Jazz festival, il était génial. Vraiment génial.

    Passons maintenant aux musiques de l'album !

    1. San 

    San, c'est lui, c'est son nom. Il décrit vraiment ce que ça veut dire. Ce titre ? Des confessions, extraits marquants de sa vie, un témoignage par morceaux poignants qui ouvre le bal. C'est le titre qui parle d'où il en est aujourd'hui. C'est une confession sombre de lui, des gens qui le suivaient et ceux qui le suivent toujours. Plus les minutes passent plus il semble craquer, pourtant il se retient en répétant plusieurs fois "mais j'craquerais pas, j'craquerais pas j'craquerais pas" pourtant tout pèse sur lui. Des références à sa ville (Caen), à la pop culture (Mario, Simpsons), l'homme sans strass ni paillette, qui rap sur un rythme assez calme, qui s'intensifie et devient plus rapide lorsqu'il a une sorte de prise de conscience, comme s'il ne voulait pas qu'il soit trop tard. Une boule au coeur lorsqu'on écoute ça. En plus, pour l'avoir vu en concert, j'ai presque versé une larme à la fin de cette musique. 4,5/5

    "Orelsan part.3, le dernier volet de la saga/ San, ça veut dire trois/San, ça veut dire monsieur/J'ai mis la moitié de ma vie pour savoir ce que je veux/La fête est finie"

    2. La fête est finie

    On parle du bon vieux temps. Ce bon vieux temps où on se rend compte qu'il n'était pas si dingue que ça. Cette musique, c'est une remise en question sur tout ce que tu trouvais cool avant, et ce dont tu te rends compte, comme quoi c'était pas si génial. Cette réalité en pleine face où t'es plus un gamin, t'es plus d'actualité "la musique est trop forte tu connais aucun son qui passe", "t'étais un jeune cool maintenant t'es plus qu'un oncle bizarre". Le refrain, contrairement aux couplets, est plus doux, plus lounge, ce "la fête est finie" pourrait être dit par ton père après avoir vu les bouteilles de bières transformées en cendriers, les verres vides qui ont dégueulassé le canapé et les deux meilleurs potes morts dans un coin après avoir gerbé. J'aime bien cette musique. Comme si après un sacré moment passé, tu reprenais le cours de ta vie. 3;5/5

    "Un jour tu te demandes qui c'est ce gros porc dans la glace/ et pourquoi tu t'essouffles alors que t'as monté trois marches/ un jour tu traînes qu'avec tes collègues de Taff/pourtant c'est le genre de connard que vous détestiez en classe" 

    3. Basique

    Là, titre random et moqueur qui était comme l'annonce de l'album quelques temps après "Ok j'vais sortir un nouvel album, mais avant faut qu'on revoit les bases,  j'vais faire une vidéo simple, où j'vais dire des trucs simples, parce que vous êtes trop cons". Ce qui s'est fait. Nouvelle vidéo où chaque phrase est comme un petit dicton, un peu tiré par les cheveux quelques fois mais que pourtant tout le monde comprend. Des petites vérités sorties d'un coup. Musique semi façon boîte de nuit le temps du refrain et samples simples (ou basiques) bien placés. Pas mal. 3/5

    "À l'étranger t'es un étranger ça sert à rien d'être raciste (simple)/Les mecs les plus fous sont souvent les mecs les plus tristes (basique)"

    4. Tout va bien

    On part sur une chanson d'une réelle tristesse et d'une foutue réalité. Orelsan essaye ici de parler à un gamin sur des sujets très graves et lui ment sur leur significations en lui répondant qu'il n'a pas à s'inquiéter, parce que tout va bien. La BO est très entraînante, douce et en accord avec les paroles douces contrastant avec la réalité du sujet (vie d'un sdf, d'une femme battue, des guerres/attentats), texte poignant qui dénonce le fait que tout le monde a une sorte de bandeau sur les yeux et fait semblant de ne rien voir. 4/5

    "Si la voisine crie très fort, c'est qu'elle a pas bien entendu/Si elle a du bleu sur le corps c'est qu'elle a joué dans la peinture"

    5. Défaite de famille

    Défaite de famille est une lettre ouverte à ses proches lors d'une fête (ainsi défaite) de famille. Le côté drôle et parfois véridique des paroles nous fait nous interroger nous-même sur la nôtre, de famille. Car finalement on a un peu tous la même. Ici il taille tous ses proches et leur avoue enfin ce qu'il pense d'eux. Le message de fin avec sa mamie, qui est la seule à qui il ne dit rien "Mamie je t'aime, à l'année prochaine" est touchant, puisqu'elle est la seule qu'il veut revoir (surtout lorsqu'on sait la relation qu'il a avec elle). Un rappeur dans une famille qui tilt rien au rap, c'est son "enfer" qu'il décrit. 4/5

    "Paulo si tu veux m'impressionner/ C'est pas en roulant des joints compliqués/En utilisant beaucoup trop "wesh" pour un blondinet/Vu qu'ton père a un problème avec les arabes c'est une très belle ironie/Au passage il a moins de chance de mourir du terrorisme que d'l'alcoolisme"

    6. La lumière 

    Une sorte de Orelsan bourré, au fond d'un bar, qui se laisse aller et voit comme une lumière. Il parle d'une fille qu'il a essayé de gérer, mais c'est elle qui change sa vie. Peu de choses à dire sur cette musique, peut être parce que c'est celle que j'apprécie le moins dans l'album bien qu'elle soit très bien et surtout la voix posée d'Orelsan et le timbre presque en vocodeur lorsqu'il parle de cette fille qui change sa vie, et le calme de cette musique assez intéressant après avoir été sur Défaite de famille qui avait un rythme assez rapide histoire d'énumérer. 3/5

    "Je l'invite à danser comme si je savais le faire/Elle prend ma main elle prend ma vie entière/J'sais pas ce qu'ils ont glissé dans mon verre/Pour que la nuit devienne la lumière/J'ai vu la lumière, alléluia, alléluia"

    7. Bonne meuf

    Musique au rythme presque de jeu vidéo, avec ce simple "bonne meuf" qui finit chaque phrase d'Orel. Je ne l'appréciais pas au début et en fait j'aime beaucoup mieux depuis. Musique drôle bien qu'il dresse le portrait de la vie des filles de cette époque. Ici le terme bonne meuf a plusieurs sens, et j'aime bien. L'espère de refrain complètement samplé est très sympa. En fait j'ai aimé cette musique après l'avoir écouté en concert, surtout que l'image de cette musique c'est Orelsan qui chante et des images à demi dévoilées de poitrines, yeux, bouches, jambes aguicheuses ou dessous de jupes de filles dessinées façon manga qui apparaissait à chaque fois qu'il y avait le sample "bonne meuf". 3,5/5

    "On m'prend mon numéro comme une bonne meuf/J'reçois pleins de textos comme une bonne meuf/J'reçois pleins de cadeaux comme une bonne meuf/J'fais pleins de photos comme une bonne meuf/J'trouve facilement du Taff comme une bonne meuf"

    8. Quand est-ce que ça s'arrête

    Là, les notes de piano du début annonce un titre très bon. Ici Orelsan se rend compte de tout son succès, un peu comme dans Le chant des sirènes, et comprend que tout ce qu'il attendait au niveau de son succès, sa gloire n'est pas vraiment ce qu'il espérait. Il voit que tous ces trucs qu'il pensait finis ne s'arrêtent pas ou pire, ne font qu'empirer, et les avantages sont moindres, avec pleins de retombées. Son refrain est juste une question qui montre qu'il est à bont et en a marre "Quand est-ce que ça s'arrête ?" répété plusieurs fois montre un épuisement. Le piano ici est bien choisi pour se caler sur les paroles pleines de désillusions d'Orelsan. 4/5

    "T'aimais mieux quand j'étais moins connu/Sauf que tu m'connaissais pas non plus/J'croyais que c'était cool d'être célèbre/Quand est-ce que ça s'arrête ? (x4)"

    9. Christophe

    Un feat auquel on ne se serait jamais attendu avec Maître Gims qui, même si son refrain casse pas trois pattes à un canard, est pas mauvais non plus. Voilà une sorte de critique bon enfant envers Christophe Maé et Keenv où KeenV a d'ailleurs répondu qu'il trouvait ça marrant. Ce n'était pas histoire d'être méchant. Mais cette musique sur fond boîte de nuit est juste un petit moment rigolade sympa histoire de déconner un peu. "J'aurai pu sauver la vieille France, aider la patrie de mon enfance, donner aux racistes de l'espoir, mais j'fais de la musique de noir" est une critique pas trop méchante. Le reste de la musique est une petite description sur le quotidien d'un mec assez banal finalement. La voix de maître Gims donne tout de même un côté affirmé à la chanson même s'ils ne se prennent pas la tête et s'accorde bien avec le reste. 3/5

    "J'aime que les mangas (j'aime que les mangas/Et les films de Van Damme (et les films de Van Damme/Jprends pas de bouteille en boîte (j'prends pas de bouteille en boîte)/À Carrefour c'est vingt balles"

    10. Zone

    On continue sur un feat que j'apprécie plus, qui est Nekfeu suivi de Deezee. Le flow de Nekfeu et ses paroles sont assez bien choisis je trouve, et pour ce qui est de Deezee, les paroles en anglais sont bien, simples. La musique a des notes qui donnent comme une certaine gravité à la chanson. On dirait un "je m'en fous" pleinement assumé. Orelsan joue ici au mec petit con et salaud qui assume ses conneries et veut même aller plus loin. On retrouve une certaine nostalgie par rapport à ses premiers albums. 4/5

    "T'es figurant dans le film de la vie d'un autre/T'assumes pas, tu critique c'que t'aimes/Combien d'fois tu vas dire qu'jsuis mort avant qu'revienne ?"

    11. Dans ma ville on traîne

    Orelsan fait une chanson dédiée à sa ville, Caen. Parle de son passé là bas, de tout ce qu'il faisait, le rythme assez puissant mais bien ajusté donne une sorte d'ambiance docu qui donne envie de savoir ce qu'était Caen, sa ville. Et on retrouve cette cultissime phrase dans le refrain, qui a dû être remisée mais toujours avec le même fond dans ses autres chansons, albums, et même chez les casseurs flotteurs "avec un mélange où tout le monde a bu dedans, entre deux mondes en suspend, criminelle la façon dont je tue le temps". Il avoue cracher sur sa ville et pourtant ne pas pouvoir l'abandonner. 4/5

    "Après 22h tu croises plus de gens/Comme si on était encore sous les bombardements/T'entendras qu'les flics et le bruit du vent/Et quelques mecs de la fac en 3ème mi-temps"

    12. La pluie

    Il disait parler de pluie dans presque toutes ses chansons, celle-ci est dédiée à la pluie justement (et sa ville, toujours). Avec un feat surprenant en compagnie de Stromae qui fonctionne plutôt bien. Il parle de ses racines, d'où il est. Musique plutôt cool qui a une BO très sympa même si je la trouvais très..."électrique" au début. Le sax va complètement avec. Et la voix de Stromae dans le refrain se cale super bien. Ainsi que les choeurs féminins. J'aime vraiment cette musique assez posée. 5/5

    "J'viens d'la terre du milieu où y'a plein de p'tits vieux/ Où l'chômage et la tisane forment un cercle vicieux /Où on critique les invités qui viennent de partir/C'est pas qu'on est lent, c'est qu'on prend notre temps pour réfléchir"

    13. Paradis

    Là, il s'agit d'un véritable coup de coeur. Première véritable chanson d'amour d'Orelsan, qui m'a presque fait pleurer. Je l'ai écouté grâce à mon copain, et je l'aime, cette musique. Elle a un côté presque sacré de l'amour tel qu'il le voit, et pourtant si juste. Je l'ai même chanté tant je l'ai apprécié. Une vraie douceur dans sa façon de s'exprimer, sans partir dans du mielleux nul, et une déclaration à sa copine, que j'adore. Ça nous fait comprendre que l'amour c'est pas si pourri que ça.  6/5 << waouh

    "Tu serais là si je repartais à zéro/ À m'rappeler les vraies choses, à calmer mes névroses/ J'avais un p'tit diable sur mon épaule/Maintenant j'ai ta tête sur mon épaule"

    14. Notes pour trop tard

    Dernière musique et pourtant celle qui donne tout sens à l'album. Orelsan a pris des notes sur la vie et nous avertit de ce qu'elle sera, en sachant qu'elle sera pas toujours belle, mais qu'elle n'est pas toujours moche. 7 minutes de réflexion, où l'on s'assoit et on écoute, on écoute les vérités balancées. C'est bien. C'est vraiment bien. Fond de musique calme qui apporte une sagesse aux propos. 5/5

    "Si y'a une chose que tu dois pas remettre en question/T'es plus intelligent qu'avant mais t'es toujours très con/T'es trop sensible, tu vis tout comme une agression/Demande à un fou s'il est fou tu verras ce qu'il te répond"

    En bref, album super bien fait, où l'on retrouve Orelsan, on retrouve son écriture qu'on est pas prêt de laisser tomber. J'analyserai bientôt la suite de cet album, Epilogue, sorti le 16 novembre.


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